Alors que les incertitudes économiques internationales se multiplient et affectent les entreprises du numérique comme bien d’autres secteurs, il est courant d’observer un regain d’intérêt pour le secteur public, considéré comme un environnement plus résistant en tant de crise.
Selon les dernières analyses d’Exaegis Markess, le marché des logiciels et services numériques pour le secteur public en France s’élevait à 8,7 milliards d’euros en 2024 et le scénario actuel prévoit de franchir les 9,4 milliards d’euros en 2027, avec une croissance moyenne annuelle de 2,5%.
Si ce secteur connait un ralentissement en lien avec les fortes restrictions budgétaires des organismes publics depuis début 2024, il affiche une certaine résilience notamment pour plusieurs raisons :
- La majorité des administrations continuent d’investir dans le numérique, un actif incontournable pour répondre à leurs nombreux enjeux. Certaines administrations entrevoient un aspect positif au contexte actuel, en effet il encourage les directions générales à faire des choix en faveur de projets répondant aux enjeux d’efficacité. Les circonstances les poussent également à envisager de nouvelles façons d’opérer leurs services numériques en s’intéressant à de nouveaux partenaires. Les orientations et priorités d’investissements déclarés par les décideurs publics fin 2024 sont détaillées au sein d’une étude d’Exaegis Markess. Ce contexte ouvre des opportunités pour les sociétés souhaitant aborder ou se renforcer sur le secteur public.
- Les contrats pluriannuels du secteur public ne sont pas remis en cause et favorisent visibilité et stabilité, notamment pour les prestataires déjà en place sur ce secteur. La majorité des projets déjà enclenchés sont maintenus, malgré un contexte incertain. Cette spécificité permet aux prestataires du numérique de préserver une partie de leur activité en période de crise.
La résilience du secteur public dans l’environnement actuel s’accompagne de tendances fortes :
- Le critère de la souveraineté des solutions numériques se renforce en 2025. Le contexte international accentue une plus grande prudence voire le désengagement vis-à-vis des solutions numériques non françaises ou non européennes, notamment dans les secteurs sensibles (santé, justice, éducation, etc.). Un exemple très concret : le Health Data Hub, jusqu’alors hébergé par Microsoft Azure, pourrait migrer vers une solution souveraine à moyen terme, un nouvel appel d’offres ayant été annoncé par la ministre déléguée chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, lors de la séance de questions au gouvernement du mardi 8 avril 2025 à l’Assemblée nationale. Cette dernière a également relancé le 14 avril un appel à projets France 2030 intitulé « Renforcement de l’offre de services Cloud », visant à soutenir l’émergence de solutions européennes compétitives. Par ailleurs, le premier contrat de la filière « logiciels et solutions numériques de confiance » a été signé ce 22 avril et, même s’il ne concerne pas directement le secteur public, il insuffle une dynamique de souveraineté. Dynamique également intégrée dans le dernier référentiel de certification HDS qui prévoit de renforcer la souveraineté des données sans toutefois aller jusqu’aux exigences SecNumCloud en matière d’immunité extraterritoriale. De manière générale, pour l’hébergement dans le cloud, la doctrine de l’Etat met en avant les solutions de cloud de confiance, dont la définition pour la sphère publique se résume à la certification SecNumCloud de l’ANSSI. La souveraineté pourrait aussi prévaloir dans l’univers du logiciel. Un collectif de collectivités a, ainsi, lancé un mouvement pour sensibiliser leurs paires à la dépendance à des solutions extra-européennes. Cette tendance reste néanmoins à suivre car d’autres critères entrent en jeu.
- A l’inverse, certaines approches se veulent plus pragmatiques, notamment pour des données estimées moins sensibles. Le critère de la performance est également essentiel, quelle que soit l’origine de la solution. Au-delà de la souveraineté, les services publics ont également des impératifs d’efficacité sur le plan budgétaire, sur le plan des compétences à mobiliser et sur la qualité du service rendu à l’usager. Ces enjeux ne sont pas anodins et orientent les choix en faveur de partenaires qui sauront y apporter les bonnes réponses. Les organisations publiques cherchent avant tout des partenaires fiables et impliqués. Si ces derniers sont généralement en mesure de leur apporter des garanties sur la protection des données, ils devront aussi montrer des qualités de proximité, de transparence et de compréhension des enjeux du secteur public pour espérer devenir des partenaires sur le long terme. Il est donc important pour un prestataire du numérique qu’il s’initie à la sphère publique en amont, avant de l’aborder ou de le conforter dans son activité.
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